@Madmox
Merci pour ta réponse complète. Par contre je peux t'assurer que, précisément, au regard de ces données, le critère de la qualification ne s'applique pas pour les trois plus hautes médianes de ton post :
* pour être professeur de chaire supérieure, il faut grosso modo l'agrégation + une thèse (achevée ou en cours) + se faire connaître auprès de l'inspection générale. On a plus ou moins besoin de la thèse selon qu'on est moins bien ou mieux classé à l'agrégation. Et comme dans tous les cas cela se fait par nomination, on comprend la nécessité de se faire connaître auprès de l'inspection générale. Il y a certes une candidature à effectuer à un mouvement de mutation spécifique, mais la candidature ne sera même pas lue si le nom n'évoque rien à l'inspecteur général : c'est une candidature "formelle" pour éviter les emmerdes, mais qui en pratique ne sert à rien. Un peu comme certains postes d'université qui sont ouverts en ayant déjà en tête le candidat qu'ils veulent recruter : le poste doit être publié nationalement mais les pauvres personnes qui vont candidater autres que la personne pour laquelle le poste a été ouvert n'ont malheureusement aucune chance d'être prises...
Bref, quand on voit la difficulté de l'agrégation et la difficulté de la thèse, on voit que ce n'est pas cela qui explique la différence énorme (+70%) de salaire. Ce qui l'explique, c'est le boulot énorme que représente le fait d'être prof en prépa (couplé, certes, aux heures d'interrogations orales). On est les seuls au monde à avoir ce système que le reste du monde nous envie (preuve ? il suffit de regarder les salaires que sont prêts à payer les states pour les têtes bien formées qui sortent de cette formation), mais ce système pour être fonctionnel nécessite un boulot monstre, et pour être sûrs de pouvoir attirer les meilleurs à ces postes, il ne faut pas les payer au lance-pierre. C'est malheureux que la France ait une si belle formation sans pouvoir ensuite avoir les moyens de garder tous ces cerveaux en son sein...
* tu compares le diplôme d'ingénieur et le concours de l'agrégation. Puisque tu dis grosso modo que c'est la formation qui explique la différence de salaire, cela veut dire que tu mets sur le même plan ce diplôme et ce concours. Je ne suis pas tout à fait d'accord : il y a suffisamment de places en écoles d'ingénieur pour que n'importe quel mec qui rentre en classe prépa et qui n'abandonne pas, au bout de 2 ans ait une place en école d'ingé et sorte 3 ans plus tard avec son diplôme. Ce qui est loin ne serait-ce que de l'agrégation la plus facile, donc les maths avec ses 250 postes par an (allez, c'est un peu plus maintenant avec la crise des vocations, mais ça reste très très faible).
Donc je ne suis pas sûr qu'on puisse prendre comme critère "meilleure formation => meilleur salaire". Il y a des critères évidents comme le fait de plus ou moins bien se faire connaître de la hiérarchie, d'être à l'affut d'opportunités, la mobilité (parce que certaines offres attractives niveau financier vont te demander de bouger à l'autre bout de la France : tu acceptes ou pas quand un de tes parents est malade et que tu dois veiller sur lui ? ou quand ton conjoint ne pourra pas avoir de boulot là où vous devez bouger ? etc.)
Enfin pour les vacances, je me permets de reciter ce que j'avait écrit page 3, qui démontre que ce n'est pas un avantage pour les profs :
Citation :
A titre de comparaison, j'ai en ce moment un statut qui me confère 51,5 jours de congé par an. J'ai posé 2 semaines de vacances pour Noël / nouvel an : ça ne me retire que 7 jours de congés. Il m'en reste donc 44,5. Mettons que je désire être en vacances comme quand j'étais prof du 14 juillet au 31 août. Ca me retire 13 jours en juillet et 21 jours en août, il m'en reste 10,5. Je peux donc encore prendre 2 semaines de vacances quand je veux. La différence avec quand j'étais prof, c'est que pendant ces jours de congés, je n'ai vraiment rien à faire et rien à penser. Et que j'ai également énormément moins de stress, et que si je ne fais rien je n'ai pas de remords à avoir (du style "ah merde je suis overbooké maintenant, parce que je n'ai pas eu le temps de corriger toutes mes copies pendant mes "vacances"). Avec les jours de congés que j'ai avec ce contrat, j'ai donc *plus* de congés et de manière *plus reposante* que quand j'étais prof. C'est complètement fou en fait. Ah oui, j'ai demandé à des amis de mes parents qui bossent dans une boîte privée. Ils ont 53,5 jours de congés par an.
@monarchsan
Effectivement, je ne prendrais pas ta place. J'ai des problèmes de dos, et je ne crois pas que passer son temps à se baisser pour écouter les demandes des clients et porter des plateaux toute la journée soit une bonne solution.
En revanche, de mon côté je trouvais que le statut d'enseignant au lycée n'était pas non plus adapté pour moi (il suffit de lire tout ce que j'écris sur le métier de l'enseignement pour en déduire que je ne trouve pas ça génial top moumoute d'être prof), et je cherche donc logiquement, au bout de 5 ans, à évoluer. Si ton post sous-entend que tu n'es pas bien dans le métier de la restauration, au bout de 21 ans tu aspires toi aussi à évoluer et tu fais le nécessaire pour ?
@Bobelou
Raymond Depardon, considéré comme le meilleur documentariste du XXe (tous pays confondus) et qui connaît très bien le monde paysan (pour en être issu et avoir tourné de nombreux documentaires sur le sujet) est effectivement d'accord avec toi : il croît qu'il faut revenir à une "agriculture familiale" et se "débarrasser" de l'agriculture trop intensive qu'on a en ce moment.
Malheureusement, je ne sais pas si et comment cela peut se faire en France. J'imagine que cela passe par des réformes en profondeur de la politique agricole commune (parce que si on continue de donner des subventions qui favorisent les grands exploitants, ce n'est pas demain qu'on verra ça). Mais après tout, je n'y connais rien. Si toi donc tu en connais plus sur le sujet, je suis très intéressé par avoir ton point de vue.